Dept 54 « Bergamote de Nancy » 0h49′ du petitflo
La bergamote de Nancy ou bergamotte de Nancy1 est un bonbon légèrement acidulé, carré, plat, translucide et de couleur dorée, parfumé à l’huile essentielle de bergamote, dont les confiseurs de Nancy en Lorraine ont fait leur spécialité dès le xixe siècle1.
Le Trésor de la Langue Française retient les deux orthographes avec un ou deux t au mot bergamote2, et l’orthographe originelle est bergamotte de Nancy.
L’origine historique de la bergamote de Nancy est incertaine. En Lorraine, on connaissait l’agrume grâce à René II de Lorraine qui était également roi de Sicile[réf. nécessaire], île dont le climat méditerranéen est particulièrement propice à la croissance des bergamotiers. Durant tout le Moyen Âge, les bergamotes étaient acheminées d’Italie par les pèlerins qui se rendaient à la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy.
L’usage de l’essence de bergamote est bien connu depuis au moins le début du xviiie siècle et n’est pas réservé à Nancy. Le limonadier Masson décrit des pastilles de sucre parfumées à « l’essence de bergamotte » en 1705 dans un ouvrage parisien3.
Le Sieur Joseph Gilliers, chef d’office et distillateur de Stanislas Leszczynski au château de Lunéville, cite, en 1751, dans son ouvrage le Cannaméliste français4, une pastille faite avec de l’essence de bergamotes « pour donner le goût », et dont le duc de Lorraine aurait été très friand5. Cette pastille est toutefois très différente de la bergamote de Nancy puisqu’elle est similaire à celle de Masson en 1705 : elle est réalisée avec de la gomme et le sucre ne subit pas de cuisson.
En 1803, le confiseur Machet propose dans un ouvrage parisien une recette permettant de réaliser des « sucres à la bergamotte »6. La recette de Machet est en tout point identique à celle de la bergamote de Nancy connue aujourd’hui : des bonbons plats et carrés, réalisés en sucre cuit, au cassé, parfumé à l’essence de bergamote. Le confiseur précise que ces sucreries sont d’un grand débit.
Par la suite, c’est au confiseur nancéien Barbier-Duval que l’on doit la mention de « grandes tablettes de bergamote »7. Installé à Nancy à partir années 1830, le confiseur explique que les tablettes de sucre cuit parfumé à l’essence de bergamote connaissent un grand succès à Nancy.
Les confiseurs de Nancy adoptent donc au début du xixe siècle ce bonbon très répandu mais ne l’inventent pas, à l’instar des confiseurs Cartry, Colin, Culmann, Lebègue-Courbe, Burtin, Vatelle, Virte, Wursthorn, Lilig ou de la Confiserie et Biscuiterie Lefèvre-Denise fondée en 1840.
Antoine Lefèvre-Denise8,9 partage ce savoir-faire du travail du sucre cuit avec ses frères Jean-Romain Lefèvre-Utile9 et Louis Lefèvre-George qui fabriquent des « bonbons secs » et des drops anglais à Nantes et Sedan10.
La dénomination « Bergamotte de Nancy » n’apparait qu’à la fin du xixe siècle et il est plus couramment répandu d’orthographier le mot bergamote avec deux t à cette époque.
En 1898, le confiseur Louis Lefèvre-Denise dépose la marque de fabrique Bergamottes de Nancy11. Le mot bergamote y est orthographié avec deux « t ».
C’est lors de l’Exposition internationale de l’Est de la France de 1909 que la bergamote de Nancy acquiert ses lettres de noblesse et une notoriété internationale.
La bergamote de Nancy, qui existe depuis plus d’un siècle et demi, est un bonbon dont la diffusion est restée locale. On ne la trouve facilement qu’à Nancy ou en Lorraine. Ce sont essentiellement les touristes de passage à Nancy qui ont diffusé l’emblématique boîte métallique richement décorée, et ont ainsi fait connaître cette spécialité hors de la région.
Dans le film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001), une vieille boîte de Bergamottes de Nancy de la confiserie Lefèvre Georges1 contenant les souvenirs d’enfance d’un petit garçon, que l’héroïne découvre fortuitement derrière une plinthe, est un clin d’œil aux années d’études nancéiennes de Jean-Pierre Jeunet.
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